La solidarité n'est pas un vain mot pour les vétérinaires

Edito de la revue de l'Ordre des vétérinaires n°77 parue en mai 2021

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La consistance, l’épaisseur d’une profession se mesure autant à sa capacité à faire, à innover, à entreprendre ou à organiser son exercice professionnel, qu’à sa capacité à prendre en charge ceux des siens confrontés à un accident de la vie ainsi que plus largement à prendre en charge les soins aux animaux des personnes durement éprouvées par les crises économiques. L’animal est bien souvent le dernier rempart à la désocialisation mais lorsqu’il nécessite des soins médicaux, parfois lourds et couteux, il devient malgré lui la victime de décisions d’abandon ou d’euthanasie, décisions aussi inacceptables que douloureuses que son détenteur peut être malheureusement amené à prendre.

La crise sanitaire COVID-19 interroge quotidiennement les vétérinaires quant à l’expression qu’ils entendent donner à cette valeur de solidarité. Tout naturellement, la mise à disposition de matériels de protection, de médicaments utiles à l’intubation alors en situation de pénurie, d’appareils d’oxygénation et de ventilation ainsi que la mise à disposition des plateformes PCR de biologie vétérinaire pour aider à la stratégie de dépistage, illustrent cette solidarité. L’engagement significatif et spontané auprès de la réserve sanitaire, aujourd’hui auprès de la plateforme de ressources humaines pour aider la stratégie vaccinale du gouvernement, est un acte volontaire, souvent bénévole, tout aussi fort de sens qui honore les vétérinaires. L’engagement de nombreux vétérinaires auprès des Services départementaux d'incendie et de secours confirme cette adhésion de tout temps à la valeur cardinale de solidarité. Chacun peut s’enorgueillir d’avoir contribué à sauver des vies à l’heure où le bilan humain est toujours plus terrifiant.

Force est de constater que la solidarité est une valeur intrinsèque vétérinaire qui s’exprime par exemple aussi bien à l’international à travers Agronomes et Vétérinaires Sans Frontière, qu’au niveau national auprès des agriculteurs par la participation au Réseau Agri-Sentinelles de prévention des suicides, dans l’accompagnement des étudiants et des vétérinaires confrontés à des aléas de la vie au travers de l’action conjointe et complémentaire de la CARPV, de l’ACV (Association centrale d’entraide vétérinaire), de Vétos-Entraide ou du fonds social de l’Ordre.

Tout récemment, le réseau « Vétérinaire Pour Tous » concrétise une action professionnelle d’envergure de médecine vétérinaire solidaire qui ne fait que donner corps, de nouveau, à ce que les praticiens font dans l’intimité de leurs établissements de soins vétérinaires lorsque, chaque jour, ils prennent en charge les soins aux animaux de personnes impécunieuses ou s’investissent pour rechercher des solutions pratiques visant à médicaliser ces animaux à des coûts faibles.

La profession vétérinaire qui parfois exprime avec excès ses critiques à l’encontre des décideurs politiques ou de ses représentants professionnels, voire déborde de ce qu’il est attendu de l’expression publique de professionnels de santé animale, reste une profession au grand cœur, une profession certes de « râleurs » mais toujours partante pour aider et agir avec humilité, « sans tambour ni trompette », dès lors que l’urgence le commande. Au fond d’elle-même, elle est consciente que la recherche d’une quelconque reconnaissance n’est finalement pas là l’essentiel, ni ce qui l’anime.

La profession vétérinaire peut être fière de ce qu’elle est et de l’image qu’elle renvoie à la Nation.