Molécules et médicaments interdits en pratique vétérinaire

Certaines molécules ne doivent pas être utilisées en thérapeutique vétérinaire, parfois pour toutes les espèces et, dans d’autres cas, pour les animaux producteurs de denrées alimentaires d’origine animale, quelle que soit la forme pharmaceutique, y compris les préparations extemporanées. 

Molécules interdites en Europe

Le règlement d’exécution 2022/1255 interdit l’utilisation vétérinaire de 37 antimicrobiens ou groupes d’antimicrobiens pour en réserver l’usage exclusivement au traitement de certaines infections humaines : 

• 18 antimicrobiens : Carboxypénicillines, Uréidopénicillines, Ceftobiprole, Ceftaroline, Combinaisons de céphalosporines et d’inhibiteurs de bêta-lactamase, Céphalosporines Sidérophores, Carbapénèmes, Pénèmes, Monobactames, Dérivés de l’acide phosphoreux, Glycopeptides, Lipopeptides, Oxazolidinones, Fidaxomicine, Plazomicine, Glycylcyclines, Éravacycline, Omadacycline ; 
• 18 antiviraux : Amantadine, Baloxavir marboxil, Celgosivir, Favipiravir, Galidesivir, Lactimidomycine, Laninamivir, Méthisazone/métisazone, Molnupiravir, Nitazoxanide, Oseltamivir, Péramivir, Ribavirine, Rimantadine, Tizoxanide, Triazavirine, Umifénovir, Zanamivir ; 
• 1 antiprotozoaire : Nitazoxanide. Il est à noter que l’amantadine ne peut pas être employée même pour des indications antalgiques. Si plusieurs publications anglosaxones rapportent l’utilisation du molnupiravir dans le traitement de la Péritonite Infectieuse Féline (Coronavirose), ce traitement inducteur de mutations chez les coronavirus est maintenant interdit en médecine vétérinaire en Europe. 

Pour les espèces productrices de denrées alimentaires d’origine animale (DOA), il est interdit d’utiliser 9 molécules appartenant au tableau 2 du règlement LMR – Limites maximales de résidus (Artistolochia et l’ensemble de ses préparations, chloramphénicol, chlorpromazine, colchicine, dapsone, dimétridazole, métronidazole, nitrofurances et ronidazole) en raison de leurs risques toxicologiques chez l’homme (règlement 37/2010).

Molécules interdites en France toutes espèces 

Le décret n°2016-317 du 16 mars 2016 relatif à la prescription et à la délivrance des antibiotiques d’importance critique a été suivi d’un arrêté (du 18 mars 2016) qui précise une liste de molécules antibiotiques non autorisées d’usage vétérinaire en France, et classées par famille : céphalosporines de 3e et 4e génération (sauf céfopérazone, ceftiofur, céfovécine, cefquinome), ceftaroline, fluoroquinolones (sauf danofloxacine, enrofloxacine, marbofloxacine, oribfloxacine, pradofloxacine, et ciprofloxacine, ofloxacine et norfloxacine en ophtalmologie), pénèmes, acides phosphoniques, certains glycopeptides, glycylcyclines, lipopetides, monobactams, oxazolidones, riminofenazines, certaines pénicillines (pipéracilline, ticarcilline, etc.), sulfones, antituberculeux/antilépreux (sauf rifampicine pour les équidés, car listée parmi les substances essentielles définies par le règlement 122/2013).

Molécules non autorisées en espèces productrices DOA

Ne peuvent être utilisées en production animale que des molécules disposant d’un enregistrement dans le tableau 1 des substances autorisées du règlement LMR 37/2010. Ainsi, une substance non inscrite ne doit pas être utilisée chez les animaux producteurs de DOA y compris les équidés non exclus définitivement de la filière bouchère.

Médicaments non accessibles en France à une prescription vétérinaire 

De nombreux médicaments de la pharmacopée humaine sont à prescription restreinte ou à dispensation particulière. Un point particulier sur ce sujet a été développé dans un article de la Revue de l’Ordre n°84 (page 16). Si un vétérinaire souhaite utiliser une molécule contenue dans un des ces médicaments non accessibles, il est parfois possible d’envisager une préparation extemporanée. 

Depuis quelques mois, les vétérinaires peuvent identifier plus facilement la liste des médicaments vétérinaires européens qu’ils sont susceptibles d’importer (après autorisation de l’Agence nationale du médicament vétérinaire) : Recherche de médicaments vétérinaires

Le non respect de ces interdictions peut exposer un vétérinaire à des sanctions lourdes relevant de juridictions administratives, disciplinaires (interdiction d’exercice) ou pénales (amende, prison) (cf. Revue de l’Ordre n°81, page 14).